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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/67

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M. le marquis de Lestanges conduisit à l’autel mademoiselle de Château-Briars, fille d’illustre maison… madame votre mère, madame.

Le mariage fut célébré à Saint-Sulpice, à midi, en grande pompe. Au moment où le cortége nuptial, en se rendant à la sacristie, passa devant la chapelle de la Vierge, une jeune femme d’une mise très-simple et une petite fille toute vêtue de blanc, y étaient agenouillées ; au bruit prolongé des pas, la jeune femme retourna la tête… puis, par un mouvement rapide, elle se trouva droite, debout, l’œil fixe… poussa un cri étouffé… et retomba roide sur les dalles de l’église.

Les cris déchirants de l’enfant, qui se tordait dans les sanglots sur le corps inanimé de sa mère, amena du monde : auprès du triste groupe, on trouva un petit paquet échappé de la main défaillante de l’infortunée ; on l’ouvrit, il contenait du canevas, des laines à tapisserie, un dessin de broderie doublé avec une enveloppe de lettre ; à l’adresse qu’elle indiquait, on rapporta sur un brancard la femme sans qu’elle eût recouvré connaissance, suivie de l’enfant qui pleurait, la tête appuyée sur l’épaule d’un jeune garçon en veste de travail, qui s’en était charitablement chargé !

Cette femme, c’était Thérèse Hubert, avec Marie alors âgée de trois ans et demi…

— Aucune douleur ne m’a été épargnée ! me disait-elle avec une angélique résignation, le lendemain, étendue, brisée, dans son lit, en proie à une fièvre ardente.