Aller au contenu

Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ques distractions dans les délassements de l’esprit, les seules qu’elle ait jamais goûtées !

Marie possède une jolie écriture, parfaitement le français, l’histoire et la géographie ; et elle tient de sa mère le ton, le langage, les excellentes manières que celle-ci avait prises avec ses premières protectrices… Combien de fois, dans la bouche de la fille de Thérèse, je retrouve encore des termes familiers à madame votre grand’mère, à madame Hélène votre tante !…

Mais, instruite par sa cruelle expérience, Thérèse voulut que sa fille, qui n’avait aucune fortune, trouvât des ressources indépendantes dans son travail. Dans l’état même des choses, la pension faite à Marie eût été insuffisante à toutes les nécessités que lui créait la délicatesse des habitudes qui résultaient de son éducation, de sa manière d’être, et qui, n’étant pas celles des gens de son humble condition, lui créaient aussi plus de besoins. Sa prévoyante mère lui apprit l’état de raccommodeuse de dentelle, dans lequel plus particulièrement elle-même avait trouvé de constantes ressources depuis son arrivée à Paris.

À douze ans, Marie était déjà une habile ouvrière ; et à quinze ans, la courageuse enfant dut porter seule le fardeau jusqu’ici supporté par deux !

Thérèse, minée intérieurement par les peines de l’âme, exténuée par un travail forcé et la lente maladie qui la consumait, s’inclinait rapidement vers la tombe.