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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/71

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plus ni la mère ni l’enfant, quoique habitant la même maison.

Dans les années qui succédèrent à cet événement, j’avais quelquefois rencontré la bonne et serviable voisine de Thérèse chez elle : son extérieur, ses manières, son langage étaient ceux d’une bourgeoise, mais non pas vulgaires absolument. Je ne connaissais pas son fils, que Thérèse, à cause de sa fille, ne recevait point…

Le mari de madame Thibaut, prote à l’imprimerie des frères Didot, était mort jeune. Il n’avait laissé à sa veuve d’autre patrimoine que le fruit de ses économies, une faible somme laborieusement amassée avec laquelle, à l’aide de son travail, elle avait élevé son fils, et lui avait fait donner de l’instruction.

Ce fils, à l’époque où j’arrive, avait vingt-cinq ans : il était compositeur et gagnait cinq francs par jour dans la maison où son père avait laissé d’honorables souvenirs. Julien Thibaut était un excellent sujet, estimé de ses supérieurs, aimé de ses camarades, et par sa bonne conduite, ses habitudes douces et rangées, il faisait l’orgueil et le bonheur de sa mère.

Tels furent les détails que me donna Thérèse, qui déjà ne quittait presque plus son non lit, pas en me faisant part de son projet, mais en m’annonçant le mariage arrêté de sa fille avec Julien Thibaut…

Madame, me dit Saint-Jean, je demeurai terrifié… je sentis mon front se couvrir d’une vive rougeur, la