Aller au contenu

Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/74

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

personne l’honneur de conduire ma filleule à l’autel ! dis-je vivement.

— Oh ! je le savais bien, reprit-elle avec son doux et déchirant sourire.

Six semaines après, en sortant de Saint-Sulpice, je reconduisais auprès du lit de sa mère mourante la pure et gracieuse jeune fille qu’une heure auparavant elle m’avait confiée, et qui venait, pour la première fois de sa vie, de la quitter. En l’apercevant, elle se redressa par un mouvement fébrile sur son oreiller, et, en lui tendant les bras : Viens, viens sur mon cœur, Marie Thibaut !… s’écria-t-elle ; toi aussi, Julien, mon bien-aimé fils, le mari de ma fille ! Et, succombant à ses émotions, elle s’évanouit de bonheur.

Deux mois encore après, appuyé sur le bras du bon, de l’honnête Julien, lui et moi nous suivions en sanglotant le modeste corbillard qui portait au cimetière du Mont-Parnasse les restes vénérés de la sainte mère.

Mon récit est terminé, madame, ajouta simplement Saint-Jean.

Et ces détails que j’avais voulu connaitre, me désespéraient, Aline…

Les réflexions dont avec tant de délicatesse s’était abstenu le fidèle et dévoué serviteur de ma famille, je les faisais, moi, toutes… Il me fallait m’incliner devant cette noble Thérèse, la fille du fermier… rougir !… Il me fallait encore, en tout ce qui dépendrait de moi, réparer les torts de quelqu’un ici bas… ra-