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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/75

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cheter son pardon là-baut… De cette heure je comprenais l’étendue des devoirs que j’avais à remplir.

— Quelle est la position actuelle de Marie, quelles sont les ressources de son ménage ? A-t-elle des enfants ? demandai-je à Saint-Jean.

— Elle a deux charmants enfants. La position de Marie est bien modeste, madame, mais elle est heureuse… Julien est le meilleur des maris et des pères, il a bien tenu sa parole, le brave garçon.

Leurs ressources se composent du travail de Julien qui, en redoublant d’activité, parvient à gagner à la tâche, ainsi qu’il est d’usage dans les imprimeries, de six à sept francs par jour. En déduisant les jours de chômage et de fêtes, il se fait de seize à dix-sept cents francs par année : en y joignant la pension de douze cents francs que Marie a reçue jusqu’à présent, leur revenu se monte à 2, 900 francs environ. Cette somme serait insuffisante pour subvenir à tous les besoins d’un ménage de cinq personnes, leur vieille mère comprise, si Marie de son côté ne travaillait assidûment de son état de raccommodeuse de dentelle.

— Si peu, pour cinq personnes… c’est affreux !… m’écriai-je.

Pauvre Marie !… mais grâce à Dieu, son sort allait changer, j’avais la libre disposition de douze mille francs que je recevais par an pour ma toilette, pour acheter des futilités ; je résolus de partager moitié par moitié intégralement avec la fille de Thérèse.