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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/82

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Et maintenant, dit-elle avec une céleste expression… le secret de ma pauvre mère est à jamais enseveli au fond de mon cœur… Maintenant aussi… l’heureuse femme de l’ouvrier ne se souviendra avec orgueil que d’une chose : c’est qu’il a choisi la fille sans nom, sans famille, pour en faire sa compagne, la mère honorée de ses enfants !

Enfin elle retira le petit reliquaire qui se trouvait au fond du coffret, courut le déposer sur le berceau de son fils, près duquel elle resta agenouillée priant et pleurant doucement.

Tout ceci se passa en bien moins de temps que je n’ai mis à vous le raconter, madame.

Après, elle remit, en étouffant un soupir, l’ivoire décoloré… dans le coffret, le ferma, le reporta à sa place, revint vers moi, et me dit avec un naïf embarras en penchant sa tête sur mon épaule :

« Ai-je fait mon devoir ?… »

Je la serrai dans mes bras en l’appelant la digne fille de sa mère !

Elle se rassit, reprit son ouvrage… mais je lisais sur son expressive physionomie sa souffrance intérieure. Ni elle, ni moi, nous n’aurions pu causer de lieux communs, je sentais d’ailleurs que le meilleur moyen d’user sa préoccupation était de l’aider à s’épancher :

Marie, lui dis-je, ta mère ne t’avait-elle donc jamais parlé de ton père ?