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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/89

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pitée aveuglément dans une route nouvelle, sans en mesurer ni la longueur, ni les dangers, ni les fatigues… Mon ignorance de tout, mon inexpérience sur tout, devaient m’y faire trouver bien des écueils, m’y faire commettre bien des imprudences. Une consolation me reste : j’ai fait un peu de bien… et je n’ai fait de mal qu’à moi !

Ma première visite à Marie est mon point de départ, j’y reviens.

Je ne mis pas mon bon Saint-Jean dans la confidence de mon projet, comme vous le pensez bien, et après l’avoir congédié, je me couchai pour avoir le droit de verrouiller ma porte sur mes émotions et sur mes pensées. Elles me débordaient de toutes parts.

La tête et le cœur pleins des récits de la soirée, toute la nuit je fus sur le chemin de la rue Saint-Dominique-d’Enfer… Du château des Tremblayes, splendide et vaste demeure, que je connaissais très-bien pour y avoir séjourné dans mon enfance avec mes parents, mon imagination me ramenait à Paris, me faisait pénétrer dans la mansarde où la protégée de ma grand’mère avait expié pendant tant d’années ses bienfaits !…

Je voyais l’infortunée, patiente et résignée martyre, travaillant près d’une des petites fenêtres donnant sur le Luxembourg, élevant de temps à autre son regard désolé vers le ciel, implorant force et courage pour