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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/90

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accomplir la rude tâche de la journée… Pauvre, pauvre Thérèse !

Je recomposais, d’après le portrait que m’en avait tracé Saint-Jean, son doux et pâle visage, son attitude gracieusement penchée… Ses touchantes paroles, gravées dans ma mémoire, vibraient à mon oreille comme un lugubre tintement… et toute frissonnante, je m’éveillais à demi… pour retomber dans le chaos des mille plans que je formais pour réparer les torts de ma famille, des mille moyens que j’imaginais pour y parvenir, pour amener d’abord mon introduction chez Marie.

Rien ne me paraissait plus facile, plus simple que d’arriver à tout cela… et si, semblables à des papillons noirs, les prudentes observations de Saint-Jean venaient voltiger autour de mes beaux rêves, je les chassais avec impatience… elles ne m’inspiraient que de la pitié pour cette malheureuse disposition d’esprit qu’ont tous les vieillards à ne voir que le mauvais côté des choses, à trouver des obstacles, des difficultés à tout, à se forger des craintes, des dangers chimériques !

Et lorsque je me réveillai tout à fait à sept heures du matin, ma visite à Marie, ce que je lui dirais était si heureusement combiné, ses réponses, ses questions même prévues… tout enfin était si parfaitement arrêté dans ma tête, que j’aurais voulu franchir d’un seul bond les cinq mortelles heures qui me séparaient