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En se remémoriant l’indigestion qui a donné lieu au vomissement, dont j’ai fait mention et en considérant les effets du vomissement sur le cerveau, on conçoit, sans peine, que de tels efforts on pu faire rompre les parois du foyer purulent, qui s’est ouvert et dégorgé dans le ventricule droit, et d’où le pus ayant passé dans le gauche, il continua de se disséminer dans les autres endroits que j’ai indiqués, ce qui explique les divers symptômes dont j’ai parlé en ce même tems que cela prouve qu’un dépôt considérable dans les lobes du cerveau, peut s’y former et y subsister long tems sans troubler notablement aucune des fonctions.

Par tout ce qui précède, on peut raisonnablement présumer que les efforts du vomissement transmis jusqu’au cerveau, ont acceléré inévitablement la rupture de l’abscès, dont la manière d’être de ses parois et l’étendue de sa cavité établissent les marques irrécurables d’une origine aussi éloignée que la date de l’accident occasioné par la poudre à canon.

Je terminerai cette observation en assurant que l’arcade sourcilière qui fut fracturée en plusieurs éclats et enfoncée de plusieurs lignes, que les pièces d’os remplacées se sont trouvées bien consolidées, recouvertes de bonne chair et ce sans exfoliation sensible, hormis dans un point qui pouvoit avoir la grandeur de la moitié de l’ongle du petit doigt. Dans un autre cas, semblable à bien des rapports, trois pièces d’os assez considérables étant relevées et vacillant à chaque pulsation du cerveau, se sont raffermies aussi étant soutenues par un appareil méthodique, auquel je donnois une attention particulière, mais la table externe, se sépara de l’interne. Ces succès doivent donc engager à ne jamais enlever une portion d’os du crâne, pour peu qu’elle tienne encore.

Relativement aux diverses causes qui peuvent faire plier inopinément les blessés à la suite des lésions à la tête, les remarques de Monsieur Quesnay, dont j’ai fait usage à l’occasion de la femme d’Épaubourg, seroient encore applicables ici, à certains égards.

Cette observation confirme de plus, qu’on doit être bien circonspect dans le jugement qu’on croiroit pouvoir poser d’apres les signes les plus apparents d’une guérison prochaine.