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très actif : en moins de 18 heures ce topique fit ruisseler une quantité prodi[gieuse] de sérosités de presque toute l’étendue du cuir chevelu. Cela m’amena au[cun] changement en mieux. La malade tomba dans l’assoupissement, eut le délire et mourut le 4e jour que la métastase s’étoit annoncée. Je remarqui pendant ces derniers jours que la malade avoit les prunelles des yeux excessivement dilatées.

L’ouverture de la poitrine me montra un abcès sur la colonne vertébrale pouvant contenir environ un demi-septier. Le fond étoit en bas en forme de cul-de-sac et la partie la plus élevée s’ouvroit en haut de l’œsophage un peu au dessus de l’orifice cardiaque. Cela étoit disposé de manière qu’il étoit presqu’impossible, que ce que le malade avaloit ne tomba préalablement dans le dépôt purulent et ce qui ne pouvoit y être retenu devoit couler ensuite dans l’estomach en entraînant sans doute, plus ou moins de la manière puriforme. Cet abcès par sa position devoit être toujours, ou du moins souvent, plein et tel qu’il étoit en effet à l’ouverture du corps, d’autant que je trouvai rempli des derniers liquides que le malade avoit pris. Lesquels étoient mêlés avec l’humeur qu’il contenoit. Ce qu’elle rejettoit lors du vomissement ne contenoit d’ordinaire que les alimens ou les remèdes qu’elle avoit pris. D’autres fois c’étoit un mélange confus de ces derniers avec des mucosités noyées dans beaucoup de suc gastrique. Il est pourtant assez vraisemblable qu’il y entroit de la manière puriforme qui devoit dégorger du dépôt qui s’ouvroit dans l’œsophage mais comme je l’ai observé, ce foyer ne pouvant se vuider, à raison de la position, que difficilement ou que très imparfaitement et jamais qu’en partie ce qui en provenoit ne marquoit point assez avec ce que la malade rejettoit d’ailleurs : mais il y a grande apparence que l’impression de cette matière sur l’orifice cardiaque et sur l’estomach y affectoit désagréablement les nerfs puisque c’est là la cause la plus probable du vomissement, dont la décédée avoit été tourmentée si cruellement. Le poulmon présenta plusieurs adhérences à la plèvre et des obstructions qui désignoient sensiblement les maladies de poitrine qui avoient précédé. Les viscères du bas ventre ne m’offrirent rien de particulier.

Mais les deux lobes du cerveau présentèrent une infinités de points purulents parsemés çà et là sans aucune marque d’inflammation antécédente.