Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/64

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  DIANE,  


Le triste jour qu'elle IDe fut ravit',
Il falloit bien que je fusse sans vie,
Et que ce coup !{l'eust d'esprit dénué,
Car autrement la douleur m'eust tué.

I4as 1 ne vivant qu'en des Duicts soULaires,
A quoy, mes yeux, m'estes-,'ous nece~8airest
Et, n'oyant pins un langage si doux,
Oreilles, las! de quoy me servez-vous?

Heureux oiseau dont l'Inde est renommée,
Voeil au soleil ta ~ie est consommée :
Pourquoy du ciel n'eus-je un destin pareil,
Mourant aux raiz de mon divin soleil!


COMPLAINTE.


Puis que le ciel cruel, trop ferme en mes malheurs,
S'obstine à me poursuÏ\'fe et jamais n'a de cp.sSE',
Donnons à sa rigueur des sanglots et des pleurs,
14es pleurs'llt les sanglots sont fleurs OP. la tristesse.

Puis .que j'esprouve tant de divers cbangemens,
Et qu'un seul à mes maux n'apparoist fp,'orablp.,
Pourquoy veux-je languip d'avantage aux tourmens?
Il vaut mieux n'estre point que d'estre miserahle.

Puis que mon clair soleil sur moy plus ne reluit,
Et que de ses rayons la France est despourveuë,
Fermons nos tristes yeux en l'elernelJe nuit :
« Aqui ne veut rien voir inutile est la veuë.•

Puis que mes vrais soupirs n'ont jamais sçeu mouvoir
14es cieux à divertir cette cruelle absance,