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Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/105

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son décor l’émouvait jusqu’aux larmes de pitié et de tendresse. Et cet appel désolé vers lui, cette souffrance qui s’était blottie dans ses bras l’attendrissaient de compassion et fondaient ses préventions.

Paul revint plus tard. Elle confectionnait des vêtements de deuil et tout ce noir autour d’elle la rendait plus belle et plus captivante. Ses yeux battus et cernés témoignaient de larmes récentes, très souvent. Son chagrin lui donnait une gravité touchante. Ils ne revinrent pas sur le passé ou sur l’événement qui les avait réunis. Ils eurent des soirs de conversation reposante, intime et douce. Et ce mélange d’amour et de douleur avait pour lui un charme pénétrant, morbide et aigu qui imprégnait son âme.

Et Paul s’imaginait qu’après s’être élevés sur de tels sommets, avoir éprouvé pareils sentiments, ils ne retomberaient plus jamais à la médiocrité de l’existence et au petit train de leurs différends mesquins.

Ils y revinrent graduellement, comme il arrive toujours. Paul suivit la même tactique qu’autrefois. Il l’inonda de cadeaux, de visites et de marques de tendresse. Après quatre mois elle se dérobait de nouveau. Ce fut très court. Paul l’avertit qu’il ne se