Aller au contenu

Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

diffuse et sourde, comme au-dedans d’un globe d’albâtre.

Mais ce n’était pas tout. En vieillissant, son goût s’était affiné de même que ses sens. Après l’éblouissement des couleurs trop éclatantes il en était venu à goûter la douceur discrète des nuances imperceptibles, fines, passagères et fugaces. Le printemps remporta sa victoire ainsi que l’été. Le vert pâle des floraisons neuves, des bourgeons et des herbes, les firmaments d’été avec leurs orages lui dominaient ses plus grands bonheurs ainsi que l’eau souple, liquide, et presque vivante dans les lacs, les canaux et les rivières. En hiver, Jean Desbois ne manquait jamais d’aller dans un petit bois de bouleaux, près d’une montagne. Tout était blanc, la neige, les troncs élancés et graciles, l’étendue au loin, tout était immaculé et virginal dans le silence moëlleux ; et dans le ciel gris voguaient des nuages vaguement colorés dont il n’aurait pu dire les teintes.

Les bruits venaient ensuite. Lorsque ses tâches le retenaient trop longtemps à la ville, Jean Desbois devenait malheureux et souffrait du malaise que produit l’absence d’une chose aimée et chère. Il aurait voulu se revoir dans une maison solitaire, très haut sur les monta-