Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/31

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Sitôt que la messe fut terminée, habitants et rentiers se réunirent en conciliabule sur le perron de l’église. Dans leur sagesse, ils décidèrent à l’unanimité de courir un charivari aux nouveaux époux. La veuve était bien recevante, et verrait cet événement sans déplaisir. D’un autre côté, les projets matrimoniaux du docteur indiquaient son intention de ne pas quitter la place et il devenait urgent de lui faire prendre l’air de la paroisse. Le charivari, d’ailleurs, n’est-ce pas le sou du franc du public sur les joies nuptiales renouvelées, un impôt établi par nos pères sur les personnes que le petit dieu amour ramène une seconde fois dans ses filets roses ?

Le mariage fut célébré le mardi matin. Et tout l’après-midi, un observateur attentif aurait pu remarquer des allées et venues mystérieuses des maisons aux hangars, des caves aux greniers. Puis, vers huit heures, toute la population mâle de Berthier se rassembla autour de la maison de feu Xavier-Narcisse Gervaise où s’étaient gîtés les nouveaux époux. Elle s’était armée de vieilles casseroles, de chaudières trouées et de chaudrons hors d’usage ; elle ouvrit aussitôt le bal en battant de cacophoniques mesures avec des bâtons.