Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/54

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de son exubérance, de sa vivacité primesautière, de ses exclamations, de sa joie bruyante, dissipée, tapageuse et communicative. Papotante et babillarde, remuante, sautillante, agitée, la toilette toujours tirée à la diable par quelque endroit, ébouriffée, toute la santé de sa personne éclatait autour d’elle dans ses mouvements saccadés, dans ses cris, dans ses interpellations, ses gestes brusques. Mais bonne fille tout au fond et douce comme un agneau.

Aussitôt l’heure venue de travailler, c’était tout un poème que de la regarder faire. Elle s’appliquait le plus qu’elle pouvait, mais au prix de quels efforts ! Ses soupirs s’entendaient partout, ses changements de position faisaient craquer les chaises et grincer son bureau, ses lamentations sourdes, ses impatiences, ses colères fébriles renseignaient tout le monde sur les difficultés de sa tâche. Mais elle n’était pas assez occupée pour que, de temps en temps, elle n’eût le loisir de jeter les yeux sur son voisin toujours correct dans la position réglementaire, ainsi qu’un portrait dans un cadre, et aussi silencieux qu’une mouche. Au début son regard restait chaque fois perplexe et surpris, puis il devint interrogateur, bientôt moqueur et plein de malice.