Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/55

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Un matin Graziella se trouve à son poste avant l’arrivée de Prosper. Celui-ci se glisse bientôt à sa place, il enlève son pardessus, ses gants gris, son foulard blanc comme neige.

— Bonjour Mademoiselle.

— Bonjour Monsieur Prosper. Puis un long silence.

— Je me demandais, ce matin, Monsieur Prosper, si les autruches se mettent réellement la tête dans le sable lorsqu’elles sentent venir la tempête. Il doit leur en rester des grains dans les plumes ?

À une demande aussi inattendue, posée avec une gravité infinie, Prosper interloqué, ouvre de grands yeux. Mais elle continue déjà avec un air triste et mélancolique :

— Pauvres bêtes ! Les tempêtes doivent être rares dans le désert, car la nature, autrement, aurait été cruelle de les obliger à se souiller chaque fois.

Puis pensive et songeuse, Graziella se remet à l’ouvrage. Le lendemain elle est encore la première à son poste :

— Si vous saviez, monsieur Prosper, les belles cartes de mode que j’ai vues ce matin dans les vitrines !

— Vous aimez à regarder les modèles de cos-