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qu’il prononce : « Je leur fis entendre par mon truchement que le sujet de mon voyage n’était autre, que pour les assurer de mon affection, et du désir que j’avais de les assister en leurs guerres, comme j’avais fait auparavant ». Il ajoute encore que le Roi « l’avait commandé de les visiter, et les assurer de ces choses, et que pour cet effet, j’avais nombre d’hommes au sault Saint-Louis. Que je m’étais venu promener en leur pays pour reconnaître la fertilité de la terre, les lacs, rivières et mer… Que je désirais voir une nation distante de 8 journées… nommé Nebicerini, pour les convier aussi à la guerre ».

Les Indiens n’entendent pas que cette promesse reste vaine : leur abstention de l’année 1613 le prouve assez. Tessouat, un vieux chef de l’Île des Allumettes, exprime leur volonté : « L’année dernière, dit-il, je leur avais manqué de promesse, et que 2.000 sauvages étaient venus au Sault en intention de me trouver, pour aller à la guerre… Les Français qui étaient au Sault ne les voulurent assister à leurs guerres… de sorte qu’ils avaient résolu entre eux de ne plus venir au Sault ».

Toute l’organisation financière de la Nouvelle-France reposant uniquement sur les profits de la traite, Champlain doit maintenant s’engager à fond dans cette dangereuse alliance contre les Iroquois ; pas d’autre solution à moins de modifier, ou plutôt de changer le régime.

Mais, d’autre part, Champlain désigne tout de suite une compensation importante : « Avant que partir, dit-il, je fis une croix de cèdre blanc, laquelle je plantai sur le bord du lac en un lieu éminent, avec les armes de France, et priai les sauvages la vouloir conserver, comme aussi celles qu’ils trouveraient le long des chemins où nous avions passé. Ils me promirent ainsi le faire, et que je les retrouverais quand je retournerais vers eux ». D’une croix à l’autre, la prise de possession s’avance ainsi sur le continent. L’acquiescement tacite des tribus ne vaut-il pas la