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Pont-Gravé se présente lui-même à son tour dans une barque montée par treize hommes. Il reçoit la même réception que ses employés. Il proteste, lui aussi, mais Champlain affirme avec énergie qu’avant tout, il doit « conserver cette place, et la maintenir en son obéissance, et tenir toutes choses en paix ». Pont-Gravé n’aurait-il pas dû demeurer sur son navire à Tadoussac, se tenir en garde contre De Caën, vu que sa sortie de France a été irrégulière, et attendre l’arrêt du Conseil pour s’y conformer ? En cette occasion, Pont-Gravé se montre moins exigeant que les commis, et « le lendemain il s’en alla aux trois rivières, pour traiter avec les sauvages ».

Enfin, le 15 juillet, un commis de la société nouvelle se présente à son tour : De Caën est arrivé. Celui-ci prie Champlain d’avertir les Indiens de sa venue prochaine et de la quantité de marchandises qu’il apporte ; il demande au Lieutenant du Roi de se rendre à Tadoussac pour étudier la situation avec lui. Champlain se rend à la première demande, mais il refuse la seconde : « car ce n’était pas la saison de laisser l’habitation ni le fort ».

Ce n’est que le 17 juillet que l’imbroglio se débrouille et que Champlain est enfin instruit des intentions du Roi. Rommier, un sous-commis, lui apporte une liasse de lettres et de dépêches. Le conseil a rendu un arrêt de nature temporaire : il permet aux « associés des deux compagnies, de trafiquer et faire traite, pour l’année 1621 seulement, tant pour les vaisseaux déjà partis, que pour deux autres à eux appartenant, chargés et prêts à partir, sans se donner aucun empêchement, ni d’user d’aucune violence, à peine de la vie ; à la charge qu’ils seront tenus de contribuer pour la présente année, également et par moitié, à l’entretien des Capitaines, soldats, et des religieux établis et résidant en l’habitation ». L’ancienne société reçoit aussi la défense de laisser partir aucun navire nouveau sans un congé de l’Amirauté, mais on passe l’éponge sur le départ irrégulier du navire de Pont-Gravé.