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IROQUOISIE

vainement. Le 2 mars 1637, par exemple, une femme meurt à Ihonontaria et la Relation dit ce qui suit : « La maladie y continuait toujours et n’en est pas encore partie »[1] ; et même l’épidémie « est en cette saison beaucoup plus mortelle qu’elle n’était pendant les froidures de l’hiver… » À Ossassané, « la maladie avait emporté une partie des jeunes gens ». Toute la Huronie est maintenant atteinte et quand la chronique se clôt, à la fin de juin, en 1637, le fléau poursuit partout ses ravages.

En un mot, c’est une épidémie de dimensions effroyables qui a éclaté à la fin de l’été 1636. Elle remplira des centaines de pages des Relations des missionnaires. Elle durera pendant des mois et des mois, ne semblant jamais devoir s’éteindre. Elle fourmillera d’épisodes. Elle déchaînera contre les missionnaires, ces derniers venus, des ouragans de soupçons, de menaces, de dangers. Elle donnera lieu à des scènes de sorcellerie, de magie tout à fait extraordinaires. Les sorciers susciteront une infinité d’intrigues, répandront une infinité d’accusations gratuites. Les Français de Huronie seront souvent sur le point d’être mis à mort. En un mot, c’est une véritable tempête diabolique qui souffle sur le pays parmi les morts qui tombent, les pratiques superstitieuses et païennes, les calomnies, les terreurs.

Il faut lire ces pages brûlantes, passionnées, pour comprendre le rôle de premier plan que ces maladies contagieuses vont jouer dans le conflit ancestral entre Coalition laurentienne et Confédération iroquoise. Elles impriment à la nation huronne un ébranlement dont elle ne se relèvera jamais. Ce n’est pas seulement la chute brusque et presque mortelle dans le chiffre de la population, qu’il faut noter, mais encore la disparition des chefs naturels, et l’affaiblissement permanent du moral.


C’est l’hiver. Mais c’est aussi la guerre. Les Algonquins de la Nouvelle-France retombent dans les terreurs paniques que Champlain avait le premier

  1. RDJ, 1637-158.