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la pétition envoyée en votre nom et au nom des paroissiens catholiques membres de l’Institut-Canadien, au sujet de quelques difficultés avec Mgr . de Montréal, et aussi tous les papiers qui regardent cette affaire ; comme aussi une réclamation faite par vous personnellement contre un jugement porté par ce Prélat sur un écrit de vous relatif aux difficultés du susdit Institut.

Appréciant comme je le fais d’un côté les bonnes dispositions montrées par vous et les autres requérants, et reconnaissant d’autre part les qualités du zélé pasteur, je m’étais flatté que les faits une fois éclaircis, toutes la difficulté aurait été arrangée de manière à ce qu’il ne restât aucune raison de plainte.

Voyant donc, par votre lettre en date du 15 Juin, que l’on n’est point parvenu au résultat désiré, j’ai écrit à Mgr . l’Évêque pour l’inviter à me faire connaître ses raisons sur la double question.

J’attends donc la réponse de ce prélat, après laquelle je m’empresserai de vous répondre à la question.

En attendant, je vous souhaite de la part de Dieu toutes sortes de biens. De votre Seigneurie,

Le très dévoué,
Al. Barnabo, Préfet.


Rome, à la Propagande,

le 24 Juillet 1866.


Je reçus cette lettre le 16 Août, dix mois jour pour jour après l’envoi de nos papiers. Donc dix mois de perdus sur cette singulière supposition de Son Éminence qu’après notre appel, tout aurait peut-être pu s’arranger ici, quand nous n’avions évidemment fait cet appel que parce que nous n’avions pas pu obtenir d’arrangement !

A-t-on demandé des explications à Mgr . de Montréal, je n’en sais absolument rien, mais ce que je sais, c’est que la réponse promise par le Cardinal n’est jamais venue.

Mais le 2 Mai 1868, c’est-à-dire vingt-un mois après l’accusation de réception des papiers, et près de trois ans après leur envoi, je reçus de Mgr . d’Anthédou, maintenant Évêque de Trois-Rivières, une lettre dans laquelle il m’invitait, en ma qualité de Président de l’Institut (je ne l’étais plus depuis deux ans) à le rencontrer avec les principaux membres de la société, et ce au nom de tout l’Institut, chez Mgr . de Montréal, le 22 Mai suivant. Sa Grandeur me disait qu’elle était chargée par Sa Sainteté d’entendre les raisons de part et d’autre, mais Elle disais aussi que nous avions porté notre plainte à Rome au nom de tout l’Institut, fait inexact et sur lequel elle était nécessairement trompée par les instructions qu’elle avait reçues.

Je répondis donc de suite à Mgr . d’Anthédon que les membres qui avaient porté plainte le rencontreraient volontiers au jour fixé, mais en leur capacité privée, et non pas au nom de l’Institut, vu que nous n’avions pas qualité pour cela, et que l’Institut était resté, comme corps, complètement en dehors de l’acte de quelques uns de ses membres.

Sa Grandeur me répondit immédiatement que comme la commission qui lui avait été envoyée de Rome parlait d’une plainte portée au nom de tout l’Institut, et le chargeait de s’aboucher avec nous comme représentant l’Institut et agissant en son nom, et de régler une affaire relative à l’Institut comme corps et non point à quelques uns des ses membres individuellement ; il ne pouvait procéder plus loin, et allait demander à Rome de nouvelles instructions.

Ainsi donc, après trente deux mois d’attente, nous découvrions tout à coup que nos juges eux-mêmes avaient organisé un petit plan qu’il me faut bien appeler un peu gauche pour changer la question de personnes et de terrain, et substituer le corps aux individus. Si l’on a cru que nous nous laisserions prendre à une aussi grosse ruse, il faut réellement que l’on ait cru avoir affaire à des gens bien naïfs.

Rien n’autorisait de près ni de loin