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que c’est qu’une procédure régulière et un jugement, la question portée en appel à Rome par quelques membres de l’Institut en leur capacité privée, avec une autre question toute différente et postérieure de quatre ans à cet appel, celle de l’Annuaire de l’Institut pour 1868. Comment on a pu, à propos de la question soulevée en appel par quelques membres catholiques de l’Institut, introduire dans le décret cette nouvelle question des principes exprimés dans l’Annuaire, (et dont on rend l’Institut responsable sans s’être seulement donné la peine de l’informer qu’il fût mis en cause et accusé d’enseigner des doctrines pernicieuses quand il n’a aucune espèce d’enseignement quelconque) voilà ce qui paraîtra toujours le plus incompréhensible mystère à ceux qui savent ce que c’est que le droit et la procédure.

Sur une information intéressée et fausse, on rend l’Institut responsable de ce que j’ai dit sans se mettre le moins du monde en peine de savoir s’il l’est réellement ou non,[1] et s’il n’aurait pas quelque chose à dire en réponse à cette accusation ; et l’on profite de cette nouvelle question suscitée dans l’ombre contre l’Institut pour mettre complètement de côté la question soulevée par les catholiques de l’Institut en leur capacité privée, question dont on ne dit absolument rien dans un jugement dont le préambule semble bien indiquer qu’on va la régler ; puisqu’il constate qu’elle a été soumise à l’examen. Il y a donc eu, quoiqu’on en puisse dire, substitution intentionnelle d’une question à une autre, substitution dont l’effet a été de ne pas décider du tout la vraie question portée en appel pour juger une nouvelle question et une nouvelle partie accusée en l’absence et hors la connaissance de l’intéressé.

Voilà l’incroyable imbroglio organisé à notre préjudice dans une cour ecclésiastique, et dont nous n’avons vu avec stupeur le développement que quand tout eût été bien arrangé et complété pour rendre toute réclamation illusoire.

J’ai montré, dans le mémoire en date du 12 octobre 1869, par quel étrange et inadmissible procédé de raisonnement, et par quel faux exposé de faits, Mgr  de Montréal avait essayé de faire remonter à l’Institut la responsabilité de mes opinions — que l’on prétend être perverses sans montrer où et en quoi elles sont condamnables — et je n’y reviendrai pas. Je ne veux que rappeler ici l’étrange confusion de questions et de personnes que l’on a faite dans le décret précité ; et à ma grande surprise je retrouve encore la même confusion de questions et de personnes dans la lettre de V. Ém.

Elle commente cette lettre par une allusion à la « longue et importune question de l’Institut » qu’elle laisse de suite complètement de côté pour arriver à moi personnellement et me faire faire des reproches non-seulement injustes mais qui prouvent que l’on a complètement réussi à faire prendre à V. Ém. une chose pour une autre.

Il est difficile de croire que cette confusion réitérée de choses essentiellement différentes soit due à la simple inadvertance. Il est assez connu que l’on ne fait rien sans but à Rome, et comme il n’est guère permis de supposer que l’on y soit plus inhabile qu’ailleurs, il semble évident que quand on y confond plusieurs fois les personnes, et qu’on y mêle les unes avec les autres les questions les plus diverses, on ne peut guère avoir d’autre but que de fatiguer et harasser ceux qui demandent justice, en même temps que l’on déroute les simples qui ne sont pas en état de préciser les questions ni de voir par eux-mêmes où la violation des règles commence.

Comme nous avons, mes amis et moi, une certaine expérience des affaires, nous ne pouvons nous laisser dérouter par cette tactique. Plusieurs d’entre eux sont des avocats et des légistes qui ont su se faire une belle position au barreau, qui sont liés conséquemment avec l’administration de

  1. Comme si l’Académie des sciences était responsable comme corps, des opinions sur toutes sortes de sujets qui s’expriment dans son sein ou à ses séances publiques !