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me faire comprendre : on coupait tous mes raisonnements par des élans de zèle, ou bien on me reprochait le scandale que j’avais donné, et l’on m’opposait toujours le passage de l’Écriture sur le miracle de Josué, comme la pièce victorieuse de mon procès. Cela me fit souvenir d’un autre passage, où le langage des livres saints est évidemment conforme aux idées populaires, puisqu’il y est dit que les cieux sont solides et polis comme un miroir de bronze. Cet exemple me parut venir bien à point pour prouver que le mot de Josué pouvait aussi être interprété et ne pas être cru à la lettre ; et la conséquence me semblait parfaitement juste : mais on n’en tint aucun compte, et je n’eus pour toute réponse que des haussements d’épaule. »

Pourra-t-on jamais exprimer assez de sympathie pour cette grande intelligence, obligée de subir des scènes de comédie aussi misérables, où les arguments les plus décisifs venaient se briser, comme des traits sans force, contre l’ignorance et la superstition ?

Galilée resta en prison quinze jours suivant les uns, six semaines suivant les autres. On a même prétendu qu’il ne fut pas emprisonné du tout, mais cette prétention n’est évidemment pas soutenable. D’ailleurs, tous les voyageurs qui vont à Rome visitent la cellule où il fut détenu. Or, s’il n’avait jamais été emprisonné, comment le gouvernement Papal permettrait-il à ses propres employés de confirmer une pareille fausseté et d’en perpétuer la croyance ?

On ne sait donc pas exactement quelle fut la durée de l’emprisonnement qu’on lui fit subir avant sa sentence, mais il n’a pas dû excéder quelques semaines, car c’est de chez l’Ambassadeur Toscan que Galilée fut ramené à l’Inquisition le 20 Juin 1633, pour entendre le prononcé du jugement du Saint Office.

Ce jugement porte que « Galilée s’est rendu véhémentement suspect d’hérésie pour avoir cru et tenu que le soleil était le centre du monde et qu’il n’avait pas un mouvement d’Orient en Occident, et que la terre elle-même se mouvait : qu’en conséquence il a encouru toutes les censures, etc., etc… Que néanmoins il plaît aux Inquisiteurs de l’absoudre, pourvu qu’auparavant, d’un cœur sincère et d’une foi non feinte, il abjure, maudisse