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avoir répété la protestation précédente (que l’accusée ne pouvait imputer la torture qu’à elle-même), et y persistant fermement, ordonnèrent qu’elle fût élevée en haut : laquelle étant ainsi suspendue, se mit à crier, disant : Ahi !… mon Dieu !… hélas !… ah !… Messeigneurs, ayez pitié de moi !… Sainte Marie !… Miséricorde !… oh !… oh !… et comme on n’en put tirer rien autre chose, les susdits seigneurs ordonnèrent qu’on la détachât, qu’on lui remit les articulations des bras (car dans le supplice de la corde, le coude et l’épaule étaient invariablement disloqués,) qu’on la réhabillât et qu’on la reconduisit en prison. »

Vous le voyez, rien n’est omis des cris et des exclamations de la victime : l’Inquisition tenait note même des hurlements de la douleur. Eh bien ! tous les interrogatoires se ressemblent. Avec la torture, toujours la répétition minutieuse des supplications et des sanglots de la victime.

Or, des centaines de procédures ont été examinées par le sénateur Nelli, par M. Libri, et par d’autres ; jamais les interrogatoires ne manquaient. Pourquoi manque-t-il dans les pièces du procès de Galilée ? Probablement parce qu’on avait quelque chose à cacher ! De tout temps on a crié à la haine, à la calomnie, contre ceux qui ont maintenu que Galilée avait été torturé. On avait un moyen bien simple et bien certain de les confondre ! On n’avait qu’à publier l’interrogatoire ! Pourquoi donc ne l’a-t-on jamais rendu public ?

Mais, me disait quelqu’un, ces jours derniers même : « puisqu’il n’existe pas d’interrogatoire, cela prouve que Galilée n’a pas été interrogé, — la conséquence est bien simple ! » Et mon interlocuteur me regardait fixement, croyant m’avoir pulvérisé par sa conséquence.

Eh bien ! il y a eu un interrogatoire ; la procédure le prouve. La sentence contient la phrase suivante : (je copie littéralement !) « Considérant que tu nous as semblé ne pas avoir dit entièrement la vérité sur ton intention, nous avons jugé nécessaire d’en venir contre toi au Rigoureux examen, dans lequel (sans préjudice des choses confessées par toi, et déduites contre toi, touchant la dite intention,) tu as répondu catholiquement. »

Puisque Galilée a répondu, il y a donc eu un interroga-