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l’assiduité ; mais il fallait un génie extraordinaire pour démêler les véritables lois de la nature, dans des faits que les savants avaient eus journellement sous les yeux et dont les causes ou l’explication leur avaient toujours échappé. Les découvertes de Galilée sur la chute des corps ne lui procurèrent pas, de son vivant, autant de célébrité que ses découvertes dans le Ciel, mais elles font aujourd’hui la partie la plus solide et la plus réelle de la gloire de ce grand homme, parce que ce sont elles qui prouvent le mieux la force extraordinaire de son intelligence. »

Et, en effet, n’aurait-il d’autre gloire que d’avoir déterminé, par son observation personnelle, la trajectoire que décrit un corps qui s’écarte, dans sa chute, de la ligne verticale, que cette découverte seule eût suffi pour le faire classer parmi les génies hors-ligne.

Galilée, suivant les habitudes de ce temps, avait été engagé pour trois ans. Quoique son traitement fut tout à fait indigne d’un pareil professeur et évidemment insuffisant, (nous avons vu qu’il n’excédait pas vingt sous par jour,) la pauvreté de sa famille rendait impérieuse pour lui la nécessité de le renouveler. Cependant, comme il était naturellement d’une grande indépendance d’esprit et de caractère, il aima mieux risquer son avenir que de céler la vérité. Voici à quelle occasion.

Jean de Médicis, fils naturel du Grand-Duc de Toscane, et qui se croyait grand architecte et grand ingénieur, avait inventé une machine à draguer. Côme de Médicis chargea Galilée d’examiner cette machine. Celui-ci lui trouva des défauts graves et les signala au Grand-Duc. Cette franchise rendit furieux l’auteur de la machine, qui se plaignit hautement et attaqua Galilée avec violence. Tous les professeurs péripatéticiens de la Toscane, qui étaient les ennemis ardents de Galilée, parce qu’il n’acceptait pas aveuglément l’autorité d’Aristote, profitèrent de cette occasion pour se venger de lui, et appuyèrent les réclamations de Jean de Médicis. Tous les moines se déclarèrent pour leurs chefs, et cette affaire prit des proportions telles que Galilée se vit sur le point d’être renvoyé de sa chaire. Il n’attendit pas qu’on le chassât et se retira de lui-même à Florence. Il était dans sa destinée d’être persécuté, soit