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Note A. (Page 76)
LA LETTRE DE Mgr DE MONTRÉAL À L’ARCHEVÊQUE DE QUÉBEC

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Cette appréciation de l’Archevêque est déjà passablement concluante en faveur de ce que je maintiens, savoir : que Mgr de Montréal ne cède pas plus aux saintes congrégations qu’aux autres quand il a fixé son esprit sur une question. « Nous ne chercherons pas, disait l’Archevêque, des faux-fuyants pour éluder les décrets, (de Rome) Notre soumission sera franche, loyale, complète, comme il convient à de véritables enfants de l’Église. » Et l’Archevêque ne parle ici de faux-fuyants et de soumission franche et loyale que parcequ’il était parfaitement au fait des faux fuyants auxquels Mgr de Montréal avait eu recours pour reporter à Rome l’affaire du Séminaire de St. Sulpice après la décision intervenue sur un rapport de lui, l’Archevêque. Il savait mieux que personne alors que Mgr de Montréal résistait encore, sous le vain prétexte de demander une explication ou une interprétation dont personne absolument ne comprenait la nécessité, et qui n’était évidemment qu’un autre moyen de gagner du temps. On sait que cette demande n’eut aucun résultat.

Eh bien, cette opinion de l’Archevêque sur le manque de soumission franche et loyale de son collègue, exprimée le 22 Nov. dernier, se trouve aujourd’hui complètement corroborée par la lettre de Mgr de Montréal à l’Archevêque en date du 16 Avril. Sans doute, dans cette lettre, Mgr de Montréal parle plus de soumission que jamais, mais que signifient les paroles devant le fait qu’invité à faire cesser la guerre ecclésiastique par les autres, et conséquemment à ne pas la renouveller lui-même, il revient au contraire à la charge avec plus de détermination que jamais ? Que signifient pour nous toutes ces protestations de soumission filiale que les actes démentent à chaque instant ?

Et puis il y a dans cette lettre un mot de trop, un de ces mots prononcés simplement pour produire un effet sur la foule ; un de ces mots malheureux qui font douter de la sincérité de celui qui ne le prononce clairement que comme formule de convention et non comme récit d’un acte réellement accompli. Sa Grandeur nous informe qu’elle a baisé avec une souveraine vénération ce vénérable document… Est-ce qu’elle baise ainsi chaque lettre qui lui arrive de Rome ? Est-ce qu’Elle avait aussi baisé le décret qu’Elle a éludé par des faux fuyants ? Voyons ! Pourquoi nous dire de ces choses là ? Qui va croire que Sa Grandeur a réellement baisé cette lettre que, dans la minute suivante, elle met tranquillement de côté pour recommencer la guerre contre l’Archevêque ? Elle ne l’a clairement pas plus baisée qu’Elle ne s’y est soumise. Et si elle l’a baisée en projetant de recommencer la guerre, ça n’est pas exactement édifiant. Voilà un mot qui me donne la clé de certaines choses que Sa Grandeur m’a dites, ou a dites publiquement de moi, et qu’Elle ne pensait peut-être pas plus qu’Elle