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nous avons si souvent entendus se qualifier mutuellement de saints !

Il y a dix ans, V. G. m’appliquait, dans une Annonce lue au prône des églises de cette ville, les plus injurieuses épithètes pour avoir, disait-elle, proféré publiquement des blasphèmes qu’Elle n’a pas même osé tenter de m’indiquer quand j’eus l’honneur de le lui demander le livre incriminé en main. Qu’aurait-Elle donc dit alors, quand nous ne soupçonnions rien des terribles antagonismes qui couvaient sous roche pour nous, pour se produire au grand jour comme nous venons de le voir ; qu’aurait-Elle donc dit si j’avais seulement insinué ce que l’homme auquel Elle vient de conférer les ordres mineurs a hautement affirmé en trois longues pages, savoir : « Que les Messieurs de St. Sulpice ne pouvaient mieux être comparés qu’à Caïn, » et encore avec un avantage assez marqué en faveur de ce dernier ?

L’entourage de V. G. croit-il donc que la population de Montréal et du pays ait vu beaucoup d’esprit dans ce rapprochement ? Tout est-il donc permis en fait de mauvais goût et de tactique populacière à ceux qui prennent en main la cause de l’Évêché ?

Pourquoi donc tant de colères contre nous quand nous sommes obligés de combattre les plus graves écarts des membres du Clergé, et tant d’aveugle complaisance pour un homme qui a tout fait pour déshonorer plusieurs de ses membres méritants aux yeux de la population, y compris les plus hauts dignitaires ecclésiastiques du pays ? Où et quand a-t-on vu chez les laïcs un pire esprit de parti que celui-là ? On nous prêche sur l’esprit de parti et l’on a raison de nous en indiquer le danger : mais qu’on veuille donc bien nous prêcher un peu d’exemple aussi !

On a donc tout fait sous le patronage presqu’ostensible de l’Évêché pour déshonorer le Séminaire dans l’esprit de la population ; et des prêtres de l’Évêché n’ont pas manqué de dire qu’après tout « il n’y avait rien que de vrai dans le pamphlet. » Quand des prêtres se traitent ainsi publiquement, est-il donc si étonnant qu’ils montrent quelquefois tant d’arrogance envers les laïcs ? Mais aussi on a créé chez ceux-ci une impression qui se traduit ainsi : « Si tout cela est vrai, c’est incontestablement mal. Mais comment l’auteur de la brochure peut-il commettre l’hypocrisie d’appeler saints des prêtres qui agissent ainsi ? Faut-il donc berner la population même quand on lui montre l’envers de la soutane ? Et puis d’un autre côté, les prêtres du Séminaire ont évidemment décidé de laisser leurs adversaires parler tant qu’ils voudraient sans dire un mot en réponse. S’ils se défendaient, ils auraient peut être quelque chose à dire en leur faveur ! Et nous verrions peut être un équivalent à l’adresse de l’autre partie ! Qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son. Le Séminaire nous montrerait peut être de son côté ces habitudes invétérées d’arbitraire qui ont si souvent caractérisé la conduite officielle de l’Évêque et qui, en dépit des assurances des flatteurs qui l’approchent, lui ont déjà aliéné bien plus de citoyens qu’il ne le pense. La prodigieuse erreur de la cathédrale lui en avait pourtant aliéné bien assez déjà ! »

Voilà ce qui se dit, Mgr, et tout montre que l’on est loin d’avoir complètement tort. Ainsi par exemple que diraient ceux qui expriment ces doutes et qui croient qu’il peut fort bien y avoir des torts ailleurs qu’au Séminaire, s’ils savaient que dans un pamphlet imprimé à Lyon par ordre de V. G., un Évêque du pays était accusé d’avoir accepté un don d’argent du Séminaire cherchant à le corrompre, — ce qui prouverait tout au plus, si le fait était vrai, que cet Évêque valait encore moins que les prêtres que l’on voulait faire apprécier à leur juste valeur par cet avancé ; — que cet Évêque est allé, le jour même qu’il a eu communication du susdit pamphlet, demander des explications à l’Évêché ; qu’il s’est adressé, V. G., étant alors à Rome, à l’un des chanoines qui, ignorant absolument l’existence de ce pamphlet, lui jurait sur ses grands Dieux qu’il se trompait, mais qui a fini, quand cet Évêque lui eût dit qu’il