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lité offre sa commode procédure de ne pas notifier les absents que l’on va procéder sur un rapport fait à leur désavantage.

Et s’il plaisait quelque jour à un Évêque de demander à Mgr de Angelis si les écoles doivent être sous le contrôle exclusif du Clergé, on sait de reste ce que serait la réponse. Et l’on nous signifierait de Rome que les Ministres qui ne nomment pas un prêtre comme surintendant de l’éducation, en le rendant responsable aux seuls Évêques, seraient exposés à se voir frapper des censures ecclésiastiques. Ils iraient donc, en fin de compte, partager le sort du pauvre Guibord qui se trouverait bientôt ainsi en nombreuse et illustre compagnie. Et V. G. viendrait sans doute nous dire encore que l’opinion d’un théologien romain vaut pratiquement celle de la sainte congrégation dont il est membre, ce qui aurait pour résultat de forcer la Législature et le gouvernement de s’arrêter respectueusement devant toute opinion qu’un Monsignor romain qui ne connaît rien de nos affaires pourrait se mettre en tête de nous formuler. Le Clergé trouverait naturellement le système magnifique et nous montrerait sans doute pour en prouver sans réplique la transcendante excellence, les merveilleux résultats qu’il a obtenus en Italie, en Espagne et dans toute l’Amérique espagnole. Mais les hommes d’étude qui ont pu voir à quel degré de nullité intellectuelle, politique et nationale, et d’infériorité morale, les Clergés de tous les pays ont réduit les peuples qu’ils ont réussi à contrôler et dominer, ne sont guère disposés de laisser river sur eux la libérale et savante législation ecclésiastique.

Où est le gouvernement qui consentira à cela quand même vingt Conciles le déclareraient obligatoire ? Mais j’oublie qu’aujourd’hui les Conciles sont devenus inutiles et pure œuvre de surérogation. Car enfin un canoniste loué par Pie xi nous informait, il y a trois ans, que le Pape était tout et le Concile rien sans lui, et qu’ici la partie était plus que le tout. Un autre jugeait chrétien de nous apprendre que le Pape est comme un Dieu sur la terre ! Impie est celui qui refuse de l’égaler à Dieu !

Quelques autres canonistes l’ont appelé Vice Dieu, mais cette qualification me paraît quelque peu extravagante, quoique pourtant elle soit essentiellement ultramontaine !  !

On ne songe pas tout à fait assez. Mgr, que si nous devons être soumis au régime du droit canon, nous serons informés quelque jour, de par quelqu’illustre théologien de Rome, (on les fait tous illustres à distance.) qui n’aura jamais étudié autre chose que les décrétales vraies ou fausses :

1o Que les Évêques ont droit d’imposer des amendes à ceux qui publient, ou vendent, ou annoncent des livres mis à l’index à Rome : — comme par exemple le « Voyage en Orient, » Sismondi, Michelet, Descartes, Grotius, l’histoire ecclésiastique de l’abbé Racine, ou encore l’histoire de l’Église de France de l’abbé Guettée, approuvée par quarante Évêques de France, ou autres affreux livres de ce genre :

2o Que les Évêques ont le droit de frapper d’amendes les notaires en certains cas et de les priver de leurs charges. — Cela se faisait autrefois si l’on avait lieu de soupçonner qu’un notaire n’eût pas fait tous ses efforts pour faire faire des legs à l’Église par un moribond, ou s’il l’avait empêché d’en faire trop et de mettre sa famille sur le pavé ; ou même s’il avait reçu un testament sans que le curé fût présent, ce qui était considéré comme fait de mauvais vouloir envers l’Église !

3o Que les Évêques ont le droit par eux-mêmes et de leur propre initiative de commuer les volontés des testateurs. — Ainsi quand l’Église n’avait pas reçu autant qu’elle l’avait espéré, l’Évêque cassait le testament, prenait ce qui convenait à l’Église, et la famille s’arrangeait avec le reste. Et il n’y avait rien à dire car l’Église étant seule Juge de ses droits, et refusant la sépulture ecclésiastique à ceux qui ne lui donnaient rien en mourant, les familles devaient encore se trou-