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la scène publique où il semble irréprochable à ceux qui ne le jugent qu’avec leurs sympathies religieuses, mais aussi en dehors de la scène où il est tant flatté ; et là, Mgr, j’ai vu bien des points noirs, bien des lambeaux du costume sacerdotal accrochés aux épines dont le sentier où il marche est bordé.

J’ai beaucoup cherché, mais j’ai beaucoup trouvé. Et je puis l’affirmer ici devant Dieu, Mgr, mon but n’a jamais été de faire simplement du scandale, ou de contrister pour le plaisir de le faire des hommes parmi lesquels j’en vois beaucoup que je sais être sincères et estimables ; mais voyant tant de membres du Clergé si acerbes et si arrogants vis-à-vis de tout un parti politique dont le programme se résume uniquement dans l’administration honnête de la chose publique, et d’un autre côté amis si fanatiques d’un autre parti dont le bilan se résume dans la corruption universelle, l’avilissement des caractères, le parjure électoral érigé en système et la vente des droits les plus sacrés du pays, je me suis dit qu’il fallait ne venir dans cette lutte que solidement muni de toutes armes pour faire face à un corps puissant qui ne permet jamais que l’on touche même à ses membres coupables, et qui n’a jamais hésité d’organiser la calomnie contre les hommes indépendants pour protéger ceux des siens qu’il sait être indignes !

S’il me faut jamais rendre compte de quelques enquêtes ecclésiastiques qui sont venues à ma connaissance, je montrerai d’étranges choses. Je me suis donc préparé à repousser la calomnie contre les citoyens chaque fois qu’on y aura recours comme par le passé, par des faits accablants que je prouverai. Et je suis si éloigné de vouloir simplement faire du scandale, que je ne me propose de publier les faits que je possède, et dont j’ai donné une légère idée dans ma lettre à M. Rousselot, qui si les supérieurs ecclésiastiques s’obstinent absolument à permettre aux prêtres arrogants de se jouer comme ils le font de l’honneur des citoyens et de continuer leur système de dénigrement personnel contre des hommes qui savent être dans le vrai en maintenant que dans le domaine politique le catholique est entièrement libre de ses opinions et de ses actes. Le Clergé prétend le contraire, mais il abandonnera cette absurde prétention comme il a abandonné celle qu’aucun catholique ne devait prêter serment de fidélité à un prince hérétique, et bien d’autres encore qu’il n’oserait plus exprimer aujourd’hui.

S’il veut modifier sa tactique, je serai très heureux de ne pas rompre le silence que, malgré les excès de langage et les provocations outrageantes d’un si grand nombre de prêtres, j’ai gardé jusqu’aujourd’hui sur les nombreuses faiblesses secrètes de ses membres. Mais si nous devons continuer, simplement parceque notre politique ne convient pas à des hommes qui sont presque tous risiblement neufs sur les questions politiques, d’être le point de mire des colères ecclésiastiques et du richissime vocabulaire clérical, nous repousserons la diffamation et l’injure par la publication de faits authentiques, que la nécessité de nous protéger contre les calomniateurs nous forcera de commenter devant le public.

Ces faits sont souvent, sans doute, d’une nature excessivement scabreuse, V. G. le sait mieux que personne, et grand pourra être le scandale ; mais il y a vingt ans que le Clergé n’a que le langage de l’injure pour tous les libéraux du pays ; il y a vingt ans que nous espérons qu’il renoncera à faire du temple de Dieu un lieu de polémique mondaine et souvent d’outrage public aux honnêtes gens ; il y a vingt ans que les supérieurs ecclésiastiques ferment les yeux sur ces criants abus et par là encouragent les exagérés dans leur tactique de diffamation et d’injures ; et si, fatigués enfin de l’intempérance de langue des uns et de la connivence évidente des autres, nous montrons ce qui se passe derrière un rideau que personne encore, en Canada, n’a osé soulever, la faute en sera à ceux qui n’auront voulu écouter aucune représentation et qui, étant en