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s’agissait-il donc dans cette chrétienne Annonce ? J’avais osé parler tolérance et modération, devoir et charité, à des hommes qui semblent croire que la religion consiste à flétrir et damner les quatre cinquièmes du genre humain ; et encore les deux tiers du dernier cinquième qui se compose de chrétiens ; et encore, sous la doctrine du petit nombre des élus, plus des trois quarts de ce dernier tiers ; c’est-à-dire que sur environ 1,300,000,000 d’hommes qui forment la population du globe, 1,275,000,000 seraient inflexiblement jetés en pâture à la griffe de Satan !  ! Combien de temps encore les hommes feront-ils ainsi Dieu à leur triste image ?

Voilà donc les aménités pastorales que V. G. m’adressait pour avoir osé parler un peu raison aux hommes auxquels le grand St. Grégoire conseillait si fortement ne pas être des « violents mais des pasteurs. » Mais comme V. G. s’est montré tendre, indulgente, paternelle, envers les calomniateurs de St. Sulpice et de l’Université !  ! Ici au moins c’est l’ultramontanisme local qui calomnie des prêtres et des Évêques, et a dit d’eux ce que ses adversaires si chrétiennement qualifiés d’impies n’en eussent jamais dit ! Voilà sans doute pourquoi V. G. a admis l’un aux ordres sacrés et a cru devoir assurer l’autre de toute son affection et de son encouragement ! Ils n’ont pas à craindre, eux, les vrais calomniateurs, qu’on leur reproche publiquement des blasphèmes ! V. G. ne dira pas un mot de la perversité de leurs écrits, ni du venin de leur attaques contre ses chers coopérateurs !  ! Épousant la cause de V. G., ces calomniateurs prêtres d’autres prêtres peuvent dire tout ce qui leur plaît sous l’égide des bénédictions et des flatteries des noces d’or ! Et il y a aussi quelques petits calomniateurs laïcs, auxquels V., G. recommandait naguère de parler haut comme. M. Veuillot, qui se sont malheureusement trompé d’adresse ; et au lieu de pourfendre les impies, ils se sont mis finement à abimer les prêtres !  ! La méprise est de forte taille, il faut bien le dire, et Votre Grandeur aurait peut-être dû songer, avant de donner ce conseil, que les piètres imitateurs d’ici n’avaient ni le verbe éclatant, ni la phrase arrogante, ni l’allure cassante. ni la tournure brutale, ni surtout le talent considérable — mais talent de tréteaux — qui ont valu à M. Veuillot l’intéressant sobriquet de M. de Fout en gueule.

Depuis trois mois donc, nous voyons avec épouvante un vent de tempête ébranler tout notre édifice hiérarchique. Ce n’est rien moins que tout le camp ultramontain local qui s’est mis à l’œuvre pour démolir l’Archevêque, démolir l’Université Laval, démolir les Séminaires, morigéner le pouvoir civil, signifier à l’élément laïc qu’il doit céder la place au Clergé comme pouvoir social, et ne laisser debout en Bas Canada, que les deux Évêques, (sur sept en tout) qu’il nous informe être selon le cœur de Dieu. Je n’ose en vérité me demander selon le cœur de qui sont les cinq autres.

Toute cette grande œuvre de réprimande acerbe, de redressement arrogant, de correction très peu fraternelle, de réédification sociale, etc., etc., s’est faite dans le journal sur lequel V. G. a autorité, d’après l’un des derniers éditoriaux. Il y a près de trois mois que cela dure comme guerre actuelle, — sans compter la préparation de longue main du public à tout ce brouhaha ecclésiastique qui dure depuis près de deux ans — et qu’on nous montre sous l’approbation tacite mais parfaitement comprise de V. G., et dans ses derniers temps sous son approbation explicite : 1o que l’orgueil, la désobéissance, l’arrogance et l’hypocrisie sont les caractères distinctifs du Séminaire de Montréal ; 2o que l’orgueil, l’intrigue et l’ignorance caractérisent plus particulièrement le Séminaire de Québec ; 3o Que l’esprit anti-catholique, la science sans Dieu, et une certaine manière d’agir ressemblant à l’athéisme comme une goutte d’eau à une autre goutte d’eau caractérisent tout particulièrement l’Université Laval !  !

Grand Dieu ! Mgr, si nous avions supplié le Clergé de nous démontrer par des raisonnements et des faits