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ecclésiastiques sont calomniateurs ou ils disent la vérité. Dans le premier cas que penser des subalternes ? Dans le second que penser des Évêques ? Voilà clairement la grande guerre dont nous sommes témoins réduite à sa plus simple expression.

V. G. permet à ses « fils de l’obéissance » de montrer comment l’Archevêque est fourbe comme un grec, (ce n’est certes pas moi qui le dis) comment les Messieurs de St. Sulpice sont d’habiles hypocrites, et les prêtres du Séminaire de Québec d’ignorants orgueilleux ! ! Ces graves révélations nous portent naturellement à examiner si les fautes sont exclusivement là et les vertus exclusivement ici. Or, après examen, nous trouvons que ceux que l’on nous fait si noirs ne sont pas du tout pires que ceux que l’on nous fait si saints. Nous trouvons que chez les uns comme chez les autres il y a du bon, de même que chez les uns comme chez les autres il y a parfois exagération et esprit de parti. Nous trouvons encore sans chercher bien longtemps que chez les ecclésiastiques comme chez les laïcs il surgit mille rivalités, mille petites passions qui défigurent la vérité et font trop souvent pleurer la justice ; et nous voyons surtout les ecclésiastiques beaucoup plus obstinés dans leurs torts que les laïcs !  ! « Nous ne nous rétractons jamais, » disait naguère l’un de vous. Autant valait dire : « La sincérité et la justice sont pour nous, prêtres, lettres-mortes ! » Serait-ce là le vrai criterium de la sincérité ecclésiastique ? Alors, Mgr Dieu nous garde de cette espèce de sincérité ! Il n’existe pas au monde un laïc sensé qui dirait pareille chose. S’en trouvât-il un, il serait immédiatement honni comme faux-frère. Mais le prêtre qui a dit ce mot sans nom devra être respecté à l’égal de Dieu, suivant l’intelligent système de l’excellent M. Hubert Lebon qui nous affirme les mains jointes que le prêtre catholique est l’égal de Dieu !  ! Voilà de tout point un horrible blasphème, mais V. G. ferme les yeux et laisse circuler ici ce livre honteux. Pas de blasphème avec V. G. pour celui qui divinise le prêtre. C’est moi au contraire qui ai blasphémé en disant qu’il est un homme comme un autre ! Mais aussi V. G. n’a jamais, que je sache, demandé à Dieu de m’inspirer sa sagesse !  !

Si, au retour de V. G. de ce voyage à Rome où elle a obtenu, sur fausses représentations, une condamnation de l’Institut comme corps, (et ces fausses représentations, Elle les a publiées tout au long ici) nous avions dit qu’Elle avait agi avec fourberie à l’égard de l’Institut, quels cris eût excité le reproche ! Et pourtant quelle plus grande impossibilité y a-t-il donc à ce que V. G. tombe dans cette faute que l’Archevêque ? Or c’est un prêtre qui vient aujourd’hui nous parler de la fourberie grecque de celui-ci ! Et V. G. ne lui inflige aucun blâme ! Elle se contente de prier Dieu de lui infuser sa sagesse ! Certes, Mgr, le choix du personnage pour une si grande grâce ne me paraît pas particulièrement heureux. Mais il est donc possible suivant Elle que l’Archevêque soit un fourbe, puisqu’elle parle avec tant de bienveillance de celui qui l’insulte ainsi ! Quelles prodigieuses injures V. G. ne m’a-t-elle pas adressées quand je n’avais pas dit la centième partie de cela ! Quelles colères contre moi pour avoir osé parler raison et modération, et protesté contre un fanatisme arrogant ! Mais quelle tendresse pour ses fils d’obéissance qui se moquent ouvertement de ce qu’elle dit !

Mais si l’Archevêque est fourbe, un autre Évêque peut l’être aussi ! Et quand V. G. a fait à Rome de fausses représentations contre nous, il nous était difficile de regarder cela comme de la sincérité. Et puis, Mgr, puisqu’il faut tout dire, l’Archevêque a donné dans son diocèse des preuves de sincérité, de droiture pastorale, de justice impartiale vis-à-vis des prêtres exagérés ou étourdis, que V. G. n’a jamais données dans le sien. Donc quand les deux Évêques sont en présence, la présomption est en faveur de l’Archevêque. Toute cette discussion de personnes, Mgr, est loin de me causer le