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nage. Je le vis sortir de l’eau de l’autre côté, monter sur un chêne et s’y asseoir.

« Les chiens venaient lentement aboyant sans cesse et suivant la piste. La chose était facile, les pieds ensanglantés du pauvre esclave humectant à chaque pas le sable de la route. On m’avait déjà parlé de l’aboiement qui distingue ces chiens, mais j’étais loin d’avoir pu concevoir l’horreur de ces sons et le cachet particulier de férocité et de soif de sang qui les caractérise.

« Les chiens montèrent sur l’éminence sur laquelle j’étais, suivirent la piste jusqu’au saule, se jetèrent à l’eau exactement au même endroit que l’esclave, traversèrent la rivière, coururent à l’arbre sur lequel était le nègre et se mirent à aboyer fortement comme joyeux de leur succès. Je m’éloignai un peu du saule et allai m’asseoir tout triste de ce que je venais de voir et d’entendre.

Bientôt deux blancs parurent à cheval sur le sommet de la colline, et apercevant le nègre dans son arbre et entendant les chiens aboyer au pied, ils lancèrent un énergique hourrah, et se rendirent, sans faire