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les erreurs de l’église

mants au mariage. Au XVIIIer siècle, d’Héricourt, canoniste, pose le principe que les empêchements édictés par l’Église doivent être ratifiés par la puissance civile. Et la thèse n’était nullement nouvelle. Launoy avait déjà démontré que l’Église tenait de l’autorité temporelle le droit d’établir des empêchements au mariage. Historiquement parlant, c’était vrai, puisque Childebert, Clotaire et Charlemagne s’étaient associé les évêques pour appliquer les lois civiles sur le mariage. Le concile de Pistoie, de la fin du siècle dernier, a pleinement démontré qu’originairement les empêchements de mariage avaient été établis par le pouvoir civil. Je sais bien qu’il a été condamné par la bulle Auctorem Fidei de Pie VI. mais cette condamnation n’infirmait pas le fait que jusqu’au concile d’Elvire de 305 l’Église avait accepté les empêchements déjà déterminés par la Bible et par les empereurs, et que ce n’est que dans ce concile qu’elle a commencé d’en édicter.

Enfin en 1792 l’État reprend juridiction exclusive sur le contrat, déclare le mariage une institution de droit naturel et établit une législation nouvelle basée sur les vrais principes de la question. L’Église a prétendu alors qu’elle avait le droit d’opposer sa législation à celle de l’État. C’était tout simplement réclamer le droit d’éterniser ses empiétements sur la juridiction du pouvoir civil. Un long esclavage de l’opinion avait habitué l’Église à ne tenir aucun compte, soit de la vérité de l’histoire, soit des prin-