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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/48

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nuyer ! Au moins on choisit le lieu où l’on s’embêtera en paix, mais on subit les salons et les compagnies où il faut s’amuser malgré soi. Et il vient facilement ce dégoût des fades plaisirs mondains, toujours les mêmes ! Que les très jeunes filles ne se lassent pas de danser, de se pomponner, de faire les belles, et de se l’entendre dire, je le comprends ; mais que des jeunes femmes ayant mari et enfants et une maison à conduire, se laissent entraîner dans la ronde folle, qu’elles y sacrifient leur santé et la paix de leur foyer, vrai, cela me dépasse ! C’est vous dire que je suis souvent « dépassée », car de ces folles petites femmes, il y en a !

Comme le Monde choisit toutes les occasions possibles de créer une mode, il profite du carême pour mettre à la mode un des prédicateurs. Le pauvre homme n’y peut rien : il est peut-être un saint qui ne songe au Monde que pour le combattre, le monde l’a élu et c’est par lui qu’il fait marcher les petites dames snob ! Et les voilà toutes prises d’une belle ardeur peu sainte pour aller entendre les sermons de carême : « Oh ! ma chère ! il est superbe ! » — C’est le mot d’ordre. C’est très amusant de constater que souvent les bons petits tours du diable tournent contre lui, et cette manie d’aller entendre le prédicateur à la mode est une de celles qui réussit le moins à la politique de messire Satan. C’est que parmi tant de