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d’ici, à tous les malheureux pour qui l’on s’amuse avec tant d’entrain.

Nous sommes trop portés à critiquer ceux dont les goûts et les habitudes diffèrent des nôtres. Chacun pourtant, avec son esprit, sa nature, son éducation, remplit son petit rôle, et il le remplit bien parce qu’il est lui.

Les uns sont faits pour prêcher, d’autres pour s’amuser ; les uns donnent sans cesse, et les autres reçoivent toujours ; il y a les sages et il y a les fous : les critiques sont utiles et ceux qui sont critiqués le sont également.

C’est une erreur de vouloir tout le monde dans un même moule. Une chose importe davantage, c’est de nous aimer et d’essayer de nous entendre, tout différents que nous soyons les uns des autres.


II

La criée pour les âmes


Je causais un jour avec un voyageur français qui se plaignait de n’avoir pas vu au Canada assez de « couleur locale ». C’est évident qu’on n’en rencontre pas beaucoup sur la rue Sainte-Catherine, mais on peut en entendre et je lui dis aussi un mot des choses et des usages curieux bien propres au pays. Il n’avait pas vu d’aurore boréale, ni entendu mugir de wowarons, — il croyait même que les mugissements de ces grenouil-