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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, quatrième série, 1918.djvu/6

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les était une fable ! Je lui parlai des « épluchettes de blé d’Inde », de « La passée de Monseigneur », « Des Sucres », de la « Criée pour les âmes », et il avoua un vif désir de connaître la vie des campagnes canadiennes. C’était quelques semaines avant la guerre : il partit dès le premier appel : il se bat maintenant en brave, en vrai français.

Hier, au sortir de la grand’messe, je pensai à lui en voyant la foule endimanchée se diriger vers le « husting » de la place de l’église, et le crieur de la paroisse, un type de Canadien, sans gêne, bavard et spirituel, monta sur la plate-forme au milieu des plaisanteries et des interpellations familières. Et la « Criée pour les âmes » commença. Mon ami eût été réjoui par cette scène très « couleur locale » !

Didas, c’est ainsi que l’appelaient ses amis, faisait l’article avec une verve endiablée qui plaisait évidemment à l’auditoire. Il offrit à l’enchère successivement des volailles et des lapins, des cochons et des pommes fameuses, des choux et des sacs de patates, puis des lés de catalogne, de la laine, des tricots. La vente allait bon train, et les produits de la ferme, donnés généreusement par les uns, étaient rachetés généreusement par les autres, et je pense qu’une jolie somme fut versée au curé qui dira beaucoup de messes pour les morts pendant le mois de novembre.