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porter à un mouvement dont l’énergie soit connue : c’est ce qu’on appelle déterminer sa vitesse.

Les mathématiciens disent cependant que la vitesse d’un mouvement est le rapport entre l’espace parcouru et le temps employé ; mais on devrait leur demander d’expliquer quel rapport ils peuvent découvrir entre deux choses d’une nature aussi différente, et par conséquent aussi incommensurables que l’étendue et la durée, et comment il se fait que ce rapport soit l’expression exacte de la mesure d’une troisième chose totalement différente des deux premières. Ils prétendent qu’ils trouvent l’expression de cette vitesse en divisant l’espace par le temps ; mais je leur demanderai comment ils s’y prennent pour diviser l’une par l’autre deux quantités concrètes d’espèces différentes, et trouver au quotient une quantité d’une troisième espèce ; car ils savent bien qu’on ne peut diviser une quantité concrète quelconque que de deux manières, ou par une quantité de même espèce, ce qui donne pour quotient un nombre abstrait qui exprime combien de fois le diviseur est contenu dans le dividende ; ou par un nombre