Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/311

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qu’une nation se servant d’une langue peinte aura été subjuguée par une autre ayant une écriture. Le peuple vaincu aura conservé long-tems sa langue et ses hiéroglyphes ; et le vainqueur aura même été obligé de se servir de ceux-ci toutes les fois qu’il aura écrit la langue de ses nouveaux sujets, sans quoi ils n’auraient pu le lire. Mais à la longue la langue des conquérans se sera toujours répandue d’avantage, tandis que celle des sujets aura été de plus en plus négligée et enfin oubliée, et avec elle la langue peinte qui y correspondait ; mais l’une n’aura jamais pu disparaître sans l’autre.

Je suis convaincu que c’est là ce qui est arrivé dans l’ancienne égypte, et que c’est ce qui rend absolument insurmontable la difficulté que nous éprouvons à comprendre ses hiéroglyphes, parce que non-seulement la clef de ce chiffre est perdue, mais même le souvenir de la langue dont il était la représentation est totalement oublié. Je sais pourtant qu’Hérodote et Diodore De Sicile nous disent qu’il existait en même temps dans ce pays une écriture mystérieuse qui était hiéroglyphique, et une écriture vulgaire qui était alphabétique, et qu’ils ne font point