Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/56

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tiennent pas toujours la place d’un nom : ils représentent souvent toute une proposition. Quand après avoir dit, la paix est faite, j’ajoute, soyez-en sûr, croyez-le, c’est comme si je disais, croyez ce jugement, soyez sûr de ce jugement ; la paix est faite. En et le signifient exactement cette proposition : dans une autre occasion, ils en signifieront une autre.

D’un autre côté, pendant que nous avons des mots qui représentent ainsi une proposition complète, c’est-à-dire qui expriment à eux tous seuls deux idées séparées, et l’acte de juger qui les unit, nous en avons d’autres, en grand nombre, qui n’expriment pas même une idée toute entière, qui ne représentent, pour ainsi dire, qu’un fragment d’idée. Tels sont nos prépositions, nos adverbes, nos adjectifs, y compris les participes et les articles. On en peut dire autant de nos verbes ; mais ils revêtissent tant de formes, réunissent tant d’usages divers qu’ils méritent un article à part. Aussi ne saurait-on faire aucun usage d’aucun de ces mots, isolés et séparés de tout autre. Le, de, courageux, vivement ne signifient absolument rien tout seuls. Réunis à d’autres signes,