Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/57

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le exprimera dans quelle étendue doit être prise une idée. De, placé entre deux idées, indiquera que l’une est dans un certain rapport avec l’autre. Courageux dénotera une qualité d’un être. Vivement, la manière dont s’exécute une action. Mais le n’est pas le nom de l’étendue ; de n’est pas celui du rapport ; courageux, celui de la qualité, ni vivement, celui de la manière. Ce ne sont donc pas là de vrais signes, mais réellement des fragmens de signes. Comme nous ne pouvons pas avoir un signe pour chacune de nos idées, ni pour chacune des manières d’être de cette idée, qui en fait une idée différente, nous avons un certain nombre de ces signes incomplets qui, pouvant s’unir à chacune, les varient, ou qui, les liant plusieurs ensemble, en font de nouveaux groupes. C’est une espèce de ciment, qu’on me passe cette comparaison, qui s’appliquant à un caillou, en change la forme et les dimensions, ou l’unissant à d’autres, en fait différens blocs dont il est partie nécessaire ; mais ce ciment n’est pas lui-même un assemblage de cailloux[1].

  1. La comparaison n'en serait que plus juste, si