chacune des espèces qui la composent. Là, il a bien creusé jusqu’au fond de son sujet ; il en a sondé toute la profondeur ; il est arrivé jusqu’aux dernières racines de l’arbre, jusqu’aux extrêmes et premiers élémens de toutes nos pensées. Cette heureuse idée de supposer un homme doué successivement de chacun de ses sens et privé de tous les autres, lui a fait voir et démontrer que dans ce que l’on croyait, et ce que bien des gens croient encore une idée simple, une perception unique, il y a beaucoup de parties distinctes ; et que beaucoup d’opérations intellectuelles différentes ont été nécessaires pour assembler ces parties. Jusqu’à lui, les philosophes, en petit nombre, qui entreprennent de rendre compte de la formation de nos idées, commencent leurs explications par dire : un homme, un arbre, une maison, un objet quelconque se présente à moi, il fait une impression sur mes sens, j’en suis affecté d’une certaine manière, j’ai la perception, l’idée de cet objet. ils ne vont pas plus loin, ou s’ils ajoutent quelques réflexions à cet exposé, ils y insistent peu ; et ils sont persuadés d’être remontés jusqu’à la source de toutes nos pensées. Effectivement il n’y a
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