Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/121

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rien là que de vrai ; mais cet homme, cet arbre, cette maison, cet objet quelconque, ce n’est pas une affection seule et unique qu’il produit en nous ; c’est une multitude d’impressions différentes, dont les unes agissent sur un de nos sens, les autres sur un autre, qui sont tantôt réunies, tantôt séparées, dont plusieurs varient par différentes circonstances, tandis que d’autres restent toujours les mêmes : et c’est du rapprochement de toutes ces impressions et des combinaisons que nous en fesons par des jugemens plus ou moins rapides, que se forme pour nous la perception ou l’idée individuelle de cet objet, et la valeur du nom encore propre et particulier que nous lui donnons ; et suivant que cette idée ou perception sera plus ou moins détaillée, plus ou moins complète, plus ou moins conforme à la réalité des choses, les jugemens postérieurs que nous porterons de l’idée, du nom, et de l’objet, seront très-différens. Voilà ce que Condillac le premier a démêlé et expliqué par son analyse des sensations. En quoi il a rendu à l’esprit humain un service immense et encore trop peu senti. Par là il s’est trouvé transporté aux vraies sources de la science logique, et conduit à examiner toutes les questions fondamentales et