Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/174

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corps qui ne nous manifestent pas leur sensibilité, n’en ont réellement pas. On voit par ce début, et on a pu voir dans les volumes précédens, que je réunis et confonds dans la faculté générale de sentir, ce que l’on a coutume de distinguer en affections et connaissances,

et ce que l’on appelle souvent en termes métaphoriques et peu exacts, l’ esprit et le cœur. effectivement je crois que cette division n’est pas fondée, que notre faculté de connaître vient et dépend de celle d’ être affecté, et lui donne naissance à son tour, qu’elles sont intimement liées et inséparables, et que toutes deux sont parties intégrantes et indivisibles de celle de sentir, laquelle il faut d’abord considérer dans son ensemble. sentir est donc tout pour nous. C’est pour nous la même chose qu’ exister

car

notre existence consiste à la sentir, et nos perceptions ne sont jamais que des manières d’ être ou d’ exister. quelque chose que l’on sente, on ne sent jamais que soi être d’une manière ou d’une autre.

aussi dès que l’on sent quelque chose, on est existant ; et quand on ne sent rien, l’existence est nulle, ou du moins n’est rien pour l’individu lui-même. On distingue ordinairement parmi ces maniè