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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/197

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quand nous y réfléchissons tranquillement. Dans les deux cas nous n’opérons réellement pas sur les mêmes perceptions. Cette analyse approfondie de nos souvenirs nous montre pourquoi on a cru devoir faire deux choses essentiellement différentes de sentir et de penser, de ce qu’on appelle l’ esprit et le cœur, des impressions que l’on nomme affectives et perceptives.

c’est l’effet d’un examen superficiel. Il n’y a entre ces deux classes de perceptions, d’autre différence que celle d’un degré plus ou moins grand d’énergie et de vivacité ; mais c’est toujours sentir. Quand nous percevons l’idée d’un être ou un jugement, nous le sentons comme quand nous percevons une sensation ou un desir. Seulement de ces perceptions, les unes nous font peine ou plaisir directement et par elles-mêmes, et les autres seulement par leurs conséquences ou leurs circonstances. Mais ce qu’il faut bien observer après avoir analysé nos souvenirs, c’est que dès que nous avons existé quelque tems, presque toutes nos idées sont des souvenirs, et que nous les employons presque toujours dans nos raisonnemens, comme si elles étaient des souvenirs fidèles, ce qui est très-rarement vrai, et sans