ce qu’il n’y reste plus rien du tout d’incertain ni d’obscur. J’ai à prouver qu’aucun de nos jugemens pris en lui-même et isolément, n’est ni ne peut être faux, qu’ainsi, à toute rigueur, l’on peut dire dans un certain sens, que nous ne nous trompons jamais quelque chose que nous affirmions. Cette assertion est si bizarre, et il est si singulier que ce soit là un préliminaire nécessaire pour apprendre à porter des jugemens vrais, que pour le prouver il faut reprendre les choses de plus haut. Nous avons dit dans la grammaire, chapitre i et ii, que nous n’exprimons jamais dans le discours que des idées isolées ou des idées réunies en propositions, parceque nous ne fesons jamais dans notre pensée que deux choses, sentir et juger.
cela est vrai ; car quelque compliquée que soit une idée, dès qu’elle est formée, si elle se présente seule à notre esprit, elle est pour nous une perception unique, comme l’idée la plus simple : nous la sentons, et voilà tout. Mais nous avons dit aussi, que juger c’est encore sentir
c’est sentir le rapport de deux idées, ou plus exactement, sentir que de deux idées actuellement présentes à notre pensée, l’une renferme l’autre. Cela est encore vrai : et