cela doit commencer déjà à nous faire penser, que cet acte de juger doit participer à l’infaillibilité de celui de sentir dont il n’est qu’un cas particulier, et que nous ne pouvons pas plus nous tromper en sentant qu’une idée est renfermée dans une autre, qu’en sentant chacune de ces idées séparément. Cela est vrai aussi. Lorsque deux idées sont présentes à notre esprit, et que nous jugeons que l’une des deux renferme l’autre, ou en d’autres termes, que celle appelée l’ attribut est un des élémens qui composent celle appelée le sujet, il est indubitable que cela est ; et j’ajoute qu’il est impossible que cela ne soit pas. On va en convenir. En effet, juger qu’une idée est un des élémens qui en composent une autre, c’est la voir, c’est la sentir dans cette autre. Or comme nos idées n’existent que dans notre esprit, comme elles ne sont que ce que nous sentons, elles sont toujours et nécessairement telles que nous les sentons ; et parconséquent une idée en renferme réellement une autre au moment où nous le jugeons, par cela seul que nous le jugeons. C’est pour cela que l’on a raison de dire que quand deux hommes ont bien exactement les deux mêmes idées, ils en portent toujours et
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