Aller au contenu

Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

juger, de même qu’il n’est pas possible de mal sentir. Car soit que l’on donne son assentiment à l’affirmative ou à la négative, la cause en est toujours dans l’idée que l’on a réellement actuellement présente : ainsi dans les deux cas on a toujours également raison. Si un autre homme se décide en sens inverse, c’est que son idée actuelle a effectivement un élément de plus ou un élément de moins. Sous le même signe, il a véritablement une autre idée, en conséquence de laquelle il doit nier tandis que le premier affirme, ou affirmer tandis qu’il nie ; mais tous deux ont également raison, du moins relativement à leur idée actuelle, et à ne considérer que le jugement actuel. Il s’agit seulement de savoir quel est celui des deux dont l’idée est conforme à l’objet dont il la croit la représentation, et est bien pareille à l’idée qu’il a eue maintes fois, quand il a employé le même signe et cru avoir la même perception. Celui-là seul a raison en réalité, parceque seul il porte un jugement conséquent à tous les jugemens justes qu’il a déjà portés. Mais cela même prouve qu’aucun de nos jugemens ne saurait être faux en lui-même et pris isolément ; et que quand ils pèchent, c’est toujours par leurs relations avec des jugemens antérieurs. Cette conclusion est incontestable ;