Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/282

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difficile qu’elles nous soient constamment présentes, et qu’elles ne nous échappent pas bien souvent. Il est donc vrai que l’imperfection de nos souvenirs est toujours plus à craindre et plus prête à nous égarer, à mesure que nos idées se multiplient, qu’elles sont plus composées, plus modifiées, plus élaborées, plus voisines les unes des autres, et séparées par des différences plus difficiles à saisir, c’est-à-dire, à mesure que nos connaissances s’accroissent et se perfectionnent par une connaissance plus précise et plus détaillée des premiers faits qui en sont la base. Maintenant, à ces considérations tirées uniquement de la génération de nos idées et de leur enchaînement successif, ajoutons-en d’autres fondées sur la nature des moyens dont nous nous servons pour employer nos facultés intellectuelles, sur la manière dont elles agissent, et sur les modifications qu’elles éprouvent par leur action même. Rappelons-nous ce que nous avons dit des signes de nos idées, de leur nécessité, de leurs imperfections, et surtout de la manière confuse, fortuite, et pourtant graduelle dont nous apprenons leur valeur.