tâche que nous nous sommes imposée au commencement du chapitre précédent, il faut encore voir l’action de ces deux causes opposées dans les différens états de nos individus, et comment elles produisent les effets qui en résultent. On dit souvent, et avec raison, que nous jugeons diversement des mêmes choses, suivant la disposition dans laquelle nous sommes ; cela est vrai, et cependant il n’est pas bien aisé de comprendre d’abord, comment d’être dans une disposition ou dans une autre, peut nous faire voir dans une idée actuellement présente, ce qui n’y est pas, ou nous cacher ce qui y est. Avec notre manière d’envisager les choses, cette difficulté va s’évanouir, et nous allons trouver que cet effet, en apparence si extraordinaire, se réduit encore à une représentation inexacte de l’idée dont nous croyons juger. En effet, puisque nous sommes doués de sensibilité, le jeu de notre organisation ne peut pas avoir lieu sans nous causer quelques impressions. Suivant la manière dont il s’exécute, et par cela seul que le mouvement vital s’opère en nous, nous éprouvons les sentimens de vigueur ou d’abattement, d’hilarité ou de mélancolie, de bien-être ou de mal-aise, de calme ou
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