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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/286

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d’anxiété, de chaleur ou de refroidissement interne, d’activité ou de langueur, et plusieurs autres plus particuliers, mais tout aussi marqués, résultans de la prédominance de l’action de certains organes. Ces modes, que l’on peut appeler les modes fondamentaux de notre existence, sont loin d’être toujours les mêmes dans les différens tems ; mais ils ne cessent ni ne changent, parcequ’une idée quelconque que l’on peut regarder comme un mode accidentel de cette même existence, vient occuper notre pensée ; au contraire, ils se joignent, ils s’unissent à ce mode accidentel, ils se confondent avec cette idée, ils en deviennent un élément qui en fait une idée nouvelle. Ainsi, l’idée d’un malheur arrivé se trouve atténuée si j’éprouve actuellement un sentiment de gaîté ou de bien-être qui résiste à son effet, et aggravée, si je suis déjà livré au sentiment de mélancolie ou de langueur qu’elle doit produire en moi. L’idée d’un malheur prévu est soutenue et repoussée en partie, si j’ai une vive conscience de mes forces ; elle est accrue, si j’éprouve d’avance l’état de tristesse et d’accablement qui en doit résulter. Il en est de même de celles d’une action difficile à exécuter, d’une fatigue à essuyer, d’un grand projet à entreprendre.