Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/307

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pour bien raisonner, il ne faut au fond que considérer attentivement ce dont on parle ; et le représenter correctement. Ainsi je n’avais pas tort d’annoncer que je pourrais répondre aux deux questions que je me suis faites ci-dessus, par ce seul mot peu de choses. c’est aussi à quoi je conclus. Mais après avoir réduit à ce point et la fausse théorie et la véritable pratique du raisonnement, que dirons-nous donc des hommes célèbres qui ont cru que toute la force de nos raisonnemens consistait dans leurs formes, qui en ont distingué une multitude de différentes, et qui ont travaillé avec tant d’art à réduire toutes ces formes si diverses, à un petit nombre de modèles auxquels on pût les rapporter pour en juger sainement dans tous les cas possibles ? Nous dirons qu’ils n’ont pas été heureux, mais qu’ils ont été habiles et utiles. Il est dans la nature de notre esprit qu’il fallait avoir considéré nos raisonnemens sous toutes les faces imaginables, pour remonter jusqu’à la génération de nos idées et de leurs signes. Ces esprits investigateurs ont fait beaucoup d’observations précieuses ; et ce n’est pas leur faute si on a été si long-tems sans profiter de leurs recherches pour reconnaître leurs méprises. Ils méritent